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© La Rue de Russie 2007 / 2013
Crédits Géométrie : Frédéric Khodja.


LRDR    

Une maison d'édition indépendante à Nice     
[Marie-Laure Hurault]

Vit et travaille à Nice
Doctorat de Lettres. Université Paris 8


Contact

Publications
brumes
La pièce blanche Editions La Rue de Russie, 183 p / 2013
brumes
Brumes Editions La Rue de Russie, 72 p / 2007
Maurice Blanchot, Le principe de fiction, collection L'Imaginaire du texte, PUV, 233 pages / 1999
Coupure d'électricité, (récit), in La nuit / Hippocampe revue/ 2012
Empreintes, (récit), in Grotte, caverne, et souterrain / Hippocampe revue/ 2009
La Mise en série, in Effets de cadre, De la limite en art / collection Esthétiques hors cadre, PUV / 2003 /
Explosion, un livre, in Les Temps du secret : un temps infini / Sigila n°10 / 2002
La lisibilité de la forme, itin La forme en jeu / collection Esthétiques hors cadre, PUV / 1998
La Citadelle, Texte pour trouver les mots de Nadine Spinoza / Galerie Depardieu, Nice / Exposition juillet 2007



Presse
Critique, N° 730, mars 2008 par Laurent Zimmermann,

Dans les arbres et par-delà

Une suite de textes qui sont aussi bien des poèmes en prose que des narrations ouvertes, en voie de constitution et qui appellent la continuation d’un travail de l’imaginaire du côté du lecteur, à partir d’une simple situation, d’une sensation qui insiste, d’une réplique : telles sont les Brumes que propose Marie-Laure Hurault. Textes étranges, aux marges des genres constitués, qui composent un univers, et qui imposent une idée de la littérature.
Un univers, de manière très évidente, centré – ou décentré – à partir d’une ontologie de la « brume », d’un passage entre le rêve, le réel, l’imaginaire, le fantasme, et tout cela dans le recours à une mémoire – mémoire des faits, du désir – qui inclut le mouvement, le creusement de l’oubli. Il s’agit de se souvenir de quelque chose de simple, presque rien – une après-midi au soleil, le moment de toucher du doigt une paroi de craie –, mais non pas du tout pour que la narration s’amenuise : au contraire pour qu’elle trouve le maximum de densité en montrant comment – et combien – la densité, précisément, existe dans la simplicité de ces événements minimes, dès lors qu’ils sont considérés avec le poids d’une subjectivité – impersonnelle – qui leur donne une présence, fantomale, dérivante, brûlante. Les différents courts textes qui composent Brumes se remémorent tout, mais disent constamment : « Le reste, je l’ai oublié ». Ils se souviennent parce qu’ils oublient. Ils n’appellent que l’intensité et le mouvement qui permet l’intensité.
Une idée de la littérature aussi, qui reste proche de ce que des écrivains comme Bataille ou Blanchot ont dans toute une partie de leur œuvre cherché à développer. Avec une manière de refuser l’assignation générique – le roman, au sens que ce terme prend lorsqu’il désigne justement cette assignation –, de proposer quelque chose comme du récit, c’est-à-dire une manière d’utiliser la narration pour qu’une expérience ait lieu, pour que la lecture devienne cela, une expérience. Expérience en l’occurrence redoublée par l’existence, dans le volume, des dessins de Frédéric Khodja, qui répondent, par larges blocs sombres et vibrants, à l’ontologie particulière qu’invente Marie-Laure Hurault.


Les Lettres françaises, L'Humanité, n°19608, octobre 2007, par Jean-Claude Hauc

Le secret dans les brumes

L'ouvrage que nous propose Marie-Laure Hurault est composé de huit sections comprenant chacune plusieurs parties intitulées. Il ne s'agit pourtant en rien d'un recueil de nouvelles. En effet, si ces courtes séquences peuvent paraître autonomes : "la paroi", "l'ombre des pins", "trois bassins", "résine"... des motifs récurrents contribuent à homogénéiser l'ensemble. Divers personnages féminins et masculins évoqués à la première ou à la troisième personne du singulier évoluent dans une atmosphère souvent hostile (orage, tempête, incendie), cherchant à s'atteindre ou à se fuir comme dans certains ouvrages de Beckett. Souvenirs d'enfance, traumatismes enfouis, quête d'un problématique refuge, tout participe à susciter chez le lecteur un vif sentiment d'"inquiétante étrangeté" et à le précipiter dans ces brumes qui deviennent alors l'emblème d'une conscience en émoi, écartelée entre rêve et réalité : " Sous moi, le sol a glissé. Mon front a heurté le sol, c'est ce dont je me souviens. Nulle image n'est assez claire pour me rendre aujourd'hui ce que j'ai laissé derrière moi." Ou encore : "Mais elle ne put résister et quand elle s'approcha de l'eau, elle vit une silhouette bleutée. Un visage souriait. Une lumière passa à travers ses yeux. Elle bascula. Un deuxième éclair brûla ses paupières déjà ensevelies sous l'eau." Un jeu subtil d'analepses et de prolepses contribue encore à brouiller le système narratif de Brumes qui piège notre conscience et la précipite dans le vide. Ainsi, comme dans toute oeuvre importante, c'est l'écriture qui devient le principal sujet du livre et en nourrit le secret. Ce dernier apparaît parfois, dans la partie centrale, sous l'aspect de "dessins très anciens mais déjà bien effacés" (on songe bien sûr à Henry James) ou celui de formes énigmatiques enfouies : "Dans une semi-obscurité, je vois des inscriptions : ce sont les mêmes formes. J'entends une longue plainte. Quelqu'un est là, dehors." Aucun refuge n'existe dans l'espace que suscite cette prose simple et violente. Les personnages sont condamnés à errer en quête d'eux-mêmes ou d'un improbable passage vers ailleurs (ce qui au fond finit par être la même chose).
Comme tous les ouvrages édités par La Rue de Russie, Brumes est illustré par un artiste. Ici, neuf dessins au crayon noir de Frédéric Khodja proposent une étrange architecture fragmentaire sans perspective définie, qui vient redoubler l'effet troublant de l'écriture de Marie-Laure Hurault.


Critique, novembre 2001, par Raymond Bellour
Il est aussi délicat de s'installer dans ce livre que de s'en arracher. Son auteur s'y donne pour but de dégager ce qu'elle nomme du beau terme de principe de fiction dans les romans et récits de Maurice Blanchot. [...] La partie la plus émouvante d'un essai tendu par le souci éthique de soustraire ce qu'il semble livrer est la première : Le sursis de la fiction. Où la fiction, en sursis d'elle-même, malgré tout se construit [...]. Nous avons devant nous ce beau livre d'un ton étrange. Car, au revers de tant de textes ou d'écritures sur lesquels Blanchot a en France laissé une impression visible, que ce soit sous prétexte de la commenter ou non, l'effet mimétique ressortit ici tout autrement. La phrase est claire, droite, en elle-même sans feinte ni détour. Mais ces phrases presque froides se suivent et s'organisent en des spirales passionnées dont la logique exténuante finit par toucher au plus près le caractère intenable de la pensée sous l'emprise de laquelle elle s'exerce.

Le Nouveau Recueil, n° 61, décembre 2000, p. 185-187, par Hélène Sys
Feinte. Ce mot est récurrent sous la plume de Marie-Laure Hurault. Feinte - nom féminin qui vient du verbe feindre ayant d'abord le sens d'imaginer, issu du latin fingere, modeler - signifiait jusqu'au 16ème siècle une invention poétique, une fiction. Ainsi le mot est-il à l'origine du fait littéraire. A présent, on n'entend plus que la ruse, la dissimulation. Pour l'auteur, cette pratique de la feinte permet à la fiction d'assumer un nouveau rapport avec la réalité. La fiction s'éloigne de la présence, feint de donner le réel, donne pour réel, et se fait une étrange promesse, celle de se décharger du monde.

La Revue des Sciences-Humaines, n° 260, avril 2000, par Sébastien Hoët
Pouvons-nous lire Blanchot, si lire signifie l'extériorité à l'oeuvre lue ? D'entrée de jeu, Marie-Laure Hurault annonce qu'il n'est pas question de lire Blanchot. On ne peut que souligner la maîtrise des textes qui se manifeste dans cette étude, le recours à des citations pertinentes, aussi bien de Blanchot que de ses commentateurs ou d'écrivains proches (notamment Duras et, de façon plus originale, Poe) : le travail est pointilleux jusque dans l'analyse de l'espace, de la temporalité, déployés dans les romans et récits.

L'Information littéraire, janvier-mars 2001, par Vincent Jouve
Marie-Laure Hurault ne s'interdit pas certains rapprochements souvent éclairants avec d'autres auteurs (Poe, James et Kafka en particulier). Le projet de M. L. Hurault est d'autant plus ambitieux que le fictionnel, chez Blanchot, ne cesse d'être contesté au sein même de ses romans. [...] L'ouvrage est fouillé, précis et repose sur une série d'exemples convaincants. Ce travail exigeant, d'une écriture parfois très abstraite, contribue, par l'acuité de l'analyse et l'importance des problèmes soulevés, à éclairer l'oeuvre de Blanchot.

Bulletin Critique du Livre Français, juin 2000
L'oeuvre de Maurice Blanchot est à la source de multiples commentaires, qu'on pense à Derrida, à Foucault, à Lévinas, mais aussi au livre de la revue Ralentir Travaux. [...] L'essai de M.L. Hurault part d'une connaissance minutieuse de toute l'oeuvre de l'auteur, qu'elle soit fictionnelle ou critique, mais aussi d'une mise en perspective, notamment par rapport aux oeuvres de Beckett, Char, Des Forêts et Du Bouchet ainsi qu'à celle de Kafka et de Mallarmé. Les relations parallèles et les différences faites entre Blanchot et les auteurs mentionnés font la richesse de la pensée de M.L. Hurault. Celle-ci constate que Blanchot, d'une manière plus radicale que les autres, a développé une fiction à la limite du figuratif et de l'abstraction.